Les hôtels sont une composante essentielle d’une offre touristique de qualité sur un territoire. Certains constituent à eux seuls une destination touristique, véritable locomotive pour attirer des flux de visiteurs réguliers dans certaines régions. Pour pérenniser, développer leurs activités et déployer leur stratégie RSE1, les promoteurs et les groupes hôteliers sont de plus en plus enclins à accroître leur ancrage local et à faire état des retombées socio-économiques qu’ils sont en mesure de générer. Certains hôtels ambitionnent désormais de devenir et d’être considérés comme un véritable outil au service du développement économique des territoires.

Des retombées économiques en phase de construction et d’exploitation

L’étude de l’impact économique d’un hôtel peut être initiée dès la conception et la construction, et se poursuivre en période d’exploitation.

Au-delà des impacts directs sur la construction, l’hébergement et la restauration, qui sont les trois principaux secteurs économiques bénéficiant de l’activité hôtelière, un hôtel génère également des retombées sur l’ensemble de la chaîne de fournisseurs et de sous-traitance ainsi que sur les consommations des ménages qui peuvent bénéficier de façon induite de son activité.

La création d’un nouvel hôtel apporte une contribution essentielle pour attirer des touristes additionnels, qui vont générer de nouvelles dépenses auprès d’autres acteurs économiques du territoire, tels que les opérateurs de loisirs ou les commerçants. L’impact sur le territoire va également dépendre du positionnement de l’hôtel.

Les paniers moyens de dépenses des clients sur le territoire pourront ainsi être particulièrement élevés pour un hôtel positionné sur du haut de gamme, pour un hôtel ciblant les touristes d’affaires ou une clientèle internationale, ou encore pour un hôtel disposant d’une table renommée.

De l’intérêt de démontrer l’impact local de l’hôtellerie

Dans le cadre d’un projet d’implantation d’un nouvel hôtel, il peut être stratégique pour un promoteur ou un groupe hôtelier de convaincre la puissance publique locale du bien-fondé de la nouvelle activité et des impacts socio-économiques positifs générés par celle-ci.

La connaissance de ces impacts peut également faciliter l’acceptabilité par les habitants de la zone d’implantation, dans un contexte où la crainte du surtourisme affecte certaines destinations de façon croissante, comme Paris, la Côte d’Azur, Barcelone ou Venise.

Rappelons à ce titre les chiffres cités en 2018 par le journal Les Échos : « À Venise, le tourisme fait vivre 65 % de la population et rapporte à la municipalité 2 milliards d’euros par an. Dans la capitale catalane, 18 % du chiffre d’affaires des commerces barcelonais est généré par le tourisme.

Sans touriste, près de 1 200 commerces se verraient contraints de fermer. Sans tourisme, […] Versailles comme Blois ou encore Chambord n’auraient pas les moyens d’être entretenus et restaurés. »

Un ancrage fort au bénéfice des territoires

Les hôtels génèrent des emplois peu délocalisables, qui peuvent pour partie être pourvus par des personnes faiblement qualifiées. Cette main-d’oeuvre est par nature moins mobile et très ancrée territorialement.

De plus, pour leur exploitation, un nombre croissant d’hôtels privilégie les circuits courts pour leurs approvisionnements.

Cette démarche leur permet de limiter leur impact environnemental tout en contribuant à l’économie locale. Le Club Med affiche ainsi une volonté forte de travailler avec des producteurs ou des distributeurs locaux, et estime que les achats de biens et matériels d’un Village Club Med sont réalisés en moyenne à 90 % auprès de fournisseurs du pays d’implantation. Depuis une dizaine d’années, son partenariat avec l’ONG Agrisud International permet au groupe d’accompagner des petits producteurs locaux à proximité de ses Villages dans plusieurs pays.

L’ancrage local s’illustre également dans les stratégies de diversification observées au cours des dernières années dans l’hôtellerie, visant notamment à capter une clientèle additionnelle de proximité. De nouvelles composantes se développent ainsi, comme les restaurants, les conciergeries, les espaces de coworking.

Ces stratégies pérennisent les recettes des hôteliers, et les rendent moins sensibles à la conjoncture touristique en s’appuyant plus fortement sur l’activité locale et en contribuant de ce fait à son développement. Les hôtels peuvent ainsi devenir de véritables lieux de vie, bénéfiques pour le dynamisme territorial.

C’est l’ambition que s’est fixée Mama Shelter, dont les restaurants représentent environ la moitié de l’activité. L’intérêt marqué par les leaders du secteur pour la stratégie portée par ce type de concept est révélateur d’une évolution de la vision traditionnelle de l’hôtellerie.

Des stratégies touristiques globales pour des retombées maximisées

Sur de nombreux territoires, l’hôtellerie s’intègre désormais dans une stratégie touristique plus large, souvent accompagnée également d’un équipement culturel majeur, d’activités sportives ou encore d’une programmation événementielle riche. Les activités et l’offre de loisirs permettent de générer des flux de touristes pour l’hôtellerie et réciproquement, dans une logique vertueuse.

À titre d’illustration, lors de la première édition (2018) du Grand Prix de France sur le circuit Paul-Ricard du Castellet, Deloitte a estimé que près de 70 % de l’impact économique global sur la région sud (78 millions d’euros) a bénéficié à l’hôtellerie et à la restauration. À l’inverse, un événement international de ce type n’aurait pu se tenir sans une offre et une capacité hôtelière en phase avec les demandes des organisateurs. Nul doute en ce sens que l’hôtellerie contribue de manière conséquente à l’attractivité et à l’économie des territoires.

Estimer le poids économique, pouvoir justifier des emplois générés, mieux connaître les facteurs de sensibilité en matière de retombées économiques, accroître l’empreinte socio-économique des activités hôtelière sur un territoire tout en limitant celle sur l’environnement, telles sont les vertus de la mise en place d’une mesure des impacts.

 

Article de la publication annuelle : Les Tendances du Tourisme et de l’Hôtellerie 2019

Crédits photo

©Motel One Paris Porte Dorée – Photo : Nadine Rupp/Ruppografie.

©Radisson Blu Hôtel, Bordeaux – Redman Hôtellerie

Pierre Mescheriakoff

Directeur Financial Advisory – Deloitte Développement économique – Major events