Tourisme lié aux spiritueux, le spiritourisme reste moins connu que son cousin l’oenotourisme. Il a pourtant fait ses preuves dans d’autres destinations et présente un fort potentiel de développement sur tout le territoire, en métropole ou en outre-mer.

Un concept né en Ecosse …

Le Scotch Whisky est si identitaire de l’Ecosse que le premier véritable « visitor center » a été mis en place par la distillerie Glenfiddish dès 1969.

On estime aujourd’hui à plus d’une cinquantaine le nombre de distilleries ouvertes à la visite et un total de plus de 2 millions de visiteurs par an.

L’exemple écossais est révélateur des échanges « gagnant – gagnant » entre tourisme et spiritueux : l’attractivité touristique s’appuie sur la notoriété du produit et ces flux touristiques génèrent à la fois des retombées économiques directes et sur le long terme viennent développer l’image des marques de whisky.

La France, terre de spiritourisme

La France est aujourd’hui plus connue dans le monde pour ses vins que pour ses spiritueux … et pourtant, à y regarder de plus près cela pourrait presque apparaître étonnant.

En premier lieu la France est un très grand producteur de spiritueux : la Fédération Française des Spiritueux, fondée en 1996, regroupe 200 entreprises de la production et de la distribution de spiritueux situées dans toutes régions françaises.

C’est là une des forces des spiritueux : leur production est répandue dans tout le Pays et concerne tous les territoires quand d’autres alcools sont plus localisés.

Avec 46 catégories principales de spiritueux (dont amers, anisés (pastis), bitters, brandy, eaux-de-vie de fruits, eaux-de-vie de vin (Armagnac, Cognac), eaux-de-vie de cidre (Calvados), gins, liqueurs, rhums, vodkas, whiskies) la France dispose d’un potentiel présent sur tout son territoire y compris en outre-mer avec le rhum.

Si certains produits disposent d’ores et déjà d’une renommée mondiale et de sites de visite structurés (comme le Cognac par exemple) de nombreux autres produits restent aujourd’hui encore peu valorisés d’un point de vue touristique.

Le site spiritourisme.com, créé par la FFS, recense tout de même plus de 100 entreprises du secteur ouvrant leurs portes au tourisme pour des visites et dégustations et accueillant plus d’un million de visiteurs par an. Un chiffre impressionnant mais sans doute bien en deçà de la réalité pour une activité touristique encore peu étudiée.

La Martinique : tourisme et rhum sur la route du développement

Le rhum martiniquais est le seul rhum agricole reconnu par une AOC. Les industriels de la filière sont engagés dans l’accueil touristique avec 9 distilleries ouvertes à la visite qui accueillent 600 000 visiteurs par an soit les deux tiers des touristes en Martinique.

Mais la visite de distilleries n’est qu’un premier pas. Les acteurs locaux souhaitent activer tout le potentiel « spiritouristique » de la Martinique par un travail tout azimut avec les restaurateurs et les bars, par la valorisation touristique de l’ensemble de l’écosystème du rhum (les champs de canne, la sucrerie, …).

Le rhum permet aussi de raconter aux touristes l’histoire la Martinique dans tous ces moments de gloire comme de douleurs tout en mettant en avant les Martiniquais eux-mêmes, les femmes et les hommes qui font ce rhum, le « meilleur au monde » dit-on sur l’île.

Enfin, le rhum est aussi un projecteur permettant de mettre en valeur les autres productions de l’île comme les fruits frais ou ses spécialités gastronomiques …

Ainsi, autour de l’attrait pour le rhum, c’est tout un engrenage de développement touristique qui se met en place sur tout le territoire et pour tous les types d’acteurs. Un exemple inspirant pour d’autres territoires français et un potentiel à activer sans modération.

 

De telles valorisations permettent d’envisager un soutien mutuel des productions de rhum (dans la valorisation de leur image, dans leurs exportations sur des marchés lointains, …) et de la filière touristique (dans le développement des flux, dans une montée en gamme globale de l’offre et dans une augmentation de la dépense moyenne).

Plus qu’ailleurs sans doute,  le spiritourisme  a la capacité de devenir une filière touristique fondée sur une production identitaire de grande valeur, à condition de le vouloir et de s’en donner les moyens …

Ainsi, de nombreux exemple en France et à l’étrangers montrent d’ores et déjà l’importance que peut prendre la visite touristique de site de production de spiritueux tant pour les industriels et artisans du secteur que pour les acteurs touristiques.

Mais il ne s’agit là que d’un premier pas qui en appelle d’autres pour enclencher un développement plus important du tourisme sur les territoires. Ce potentiel touristique du spiritourisme, un grand pays d’œnotourisme comme la France peut aussi le saisir au bénéfice du secteur des spiritueux, de filière touristique et in fine pour le plus grand plaisir des clientèles touristiques du Pays.

En un mot, le spiritourisme est un potentiel à activer sans modération, en correspondance et adéquation parfaite avec la volonté d’affirmation de l’attractivité touristique » à la française » !

Matthieu Levy

Matthieu Levy

Consultant In Extenso TCH

Avec 17 années d’expérience dans le conseil spécialisé dans les domaines du tourisme, des loisirs, du sport et de la culture, Matthieu LEVY a développé une expertise spécifique en matière de stratégies territoriales de développement touristique et de loisir. Il apporte également son savoir-faire aux projets touristiques et cela à toutes les étapes de leur définition.